Il apparaît clair que, tant que les institutions de développement (organismes publics, mais aussi ONG complices) prendront les paysans pour des crétins, on ne pourra pas avancer.
Et il est facile de prendre les agriculteurs pour des crétins. Passons sur la période durant laquelle on formait dans les Grandes Ecoles Françaises des «Directeurs du Tchad» et autres administrateurs de colonies. Il n’y a pas longtemps, et aujourd’hui même encore, on considérait que le problème du monde rural, c’est qu’il y avait beaucoup de pauvres qui avaient besoin d’argent. Finalement, peu à peu on s’aperçoit qu’en fait, ces pauvres sont des agriculteurs et, en fait d’argent, ils ont plutôt besoin de prix. Ouf ! Hier, nous étions au bord du gouffre, aujourd’hui nous avons fait un grand pas en avant !
Soit. Et pourtant ça ne marche pas !
On invoque même le «facteur culturel», «l’archaïsme», le «traditionnel», ou pire, les «mentalités» pour tenter d’expliquer le manque d’enthousiasme, voire même une franche hostilité des populations paysannes pour la vulgarisation de tel ou tel paquet technique «moderne» (cf. le semis en ligne).
Invoquer le «traditionnel» pour tenter «d’expliquer l’inexpliqué par l’inexplicable» (JP Olivier de Sardan, 1995), n’est-ce finalement pas un refuge rassurant pour le chercheur, l’agronome et plus généralement l’opérateur du développement devant une situation qu’il ne comprend pas ?
Pire encore, et plus récemment, au nom d’un anti-économiscisme considéré comme un pur produit du paradigme de la pensée occidentale, la réintroduction du «culturel» a aussi mené à un anti-développement radical (faussement appelé Développement durable). Au nom de l’identité «traditionnelle», on arrive à une pensée commune qui intègre dans sa vision conservationniste les sociétés rurales elles-mêmes…
Invoquer les facteurs culturels et la tradition (qu’ils soient méprisés ou au contraire idéalisés) pour expliquer telle ou telle pratique incomprise est suspect et stérilisant. Invoquer la tradition, c’est déposséder les agriculteurs de leurs propres savoirs, c’est penser que les agriculteurs n’ont pas produit et ne produisent pas les connaissances qui dirigent leurs pratiques.
La tradition n’existe pas, parlons enfin d’un « ensemble de pratiques en mouvement » (Darré, 1999), nous aurons avancé et nous cesseront de fuir le constat d’échec par rapport à la compréhension du réel!!!
1 comment:
ben la vache, avec tout ça, si y'en a qui croient encore qu'au WDIs c'est des rigolos. La preuve est faite, au WDIs, y'en a qui lisent des bouquins, faudrait pas non plus se foutre de la gueule du monde.
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